Désertus Bikus, du rêve au cauchemard

Après de longs mois d’entraînement passés en milieu montagnard dans le froid, le vent, la pluie et parfois la neige, Laurent Boursette a, en ce début de printemps des envies de soleil et de chaleur !

La Desertus Bikus arrive donc à point nommé avec sa traversée de 4 déserts au programme du nord au sud de l’Espagne : Bardenas, Montanas Vacias, Gorafe, Tabernas. Une belle opportunité à saisir d’autant que Laurent avait prévu de s’aligner sur l’Atlas Mountain Race au Maroc en février avant que celui-ci ne soit reporté.

En finir avec le froid !

C’est donc d’Anglet le 23 avril 2022 à 0h00 que Laurent s’élance pour 1250 km et 12500 mètres de dénivelé environ le moral gonflé à bloc avec une seule envie : Rouler vite ; rouler longtemps ; et au soleil si possible.

La suite, c’est Laurent qui nous la raconte.

Quand tout bascule…

Le 23 avril 2022, 1 heure du matin environ, après seulement 34 kilomètres, il ne pleut pas mais le sol est humide et le ciel chargé. Etoiles et lune invisibles. Après un départ très rapide dans les roues de Sofiane Sehili et sur sa trace « originale » qui ne me semble pas trop directe, je me suis fait légèrement décrocher dans le premier petit col que nous rencontrons.

Sur le haut du col, Sofiane semble souffler un peu et je refais une partie de mon retard (20/30 secondes environ). La descente débute et je reviens assez vite sur lui dans les premiers lacets.
Au moment ou je le rejoins, je vois sa roue arrière se bloquer et chasser légèrement dans un virage qui se referme brutalement. Il réussit à virer, et je réalise que j’arrive beaucoup trop vite vers la barrière de sécurité. Je pars en dérapage, et percute latéralement la barrière.

Au-delà : l’obscurité; le vide; la peur… Il est trop tard pour regretter… Regretter d’avoir suivi une trace qui n’est pas la mienne, regretter de commencer une course de 1200 bornes en se mettant dans le rouge dès le premier col, regretter de ne pas avoir été assez prudent dans cette descente…

Un choc violent me ramène à la réalité, je suis sur le dos dans un amas de ronces, mon vélo sur le ventre, le guidon vient de heurter mes lunettes et mon visage. La pente est si forte que je dois m’accrocher aux branches et végétaux qui m’environnent pour ne pas continuer ma descente dans le ravin.

Remonter la pente

Je réussis à me stabiliser puis commence à remonter vers la route en tirant mon vélo d’un bras et en m’accrochant à tout ce qui traîne pour gravir la pente. Les lumières des collègues qui m’accompagnaient il y a quelques minutes passent sur la route 3 à 4 mètres plus haut. Ils ne me voient pas. Je débouche enfin sur la route, passe le rail de sécurité, pose le vélo et fais le point.

Je suis épuisé par l’effort qui fut nécessaire pour m’extirper avec le vélo du roncier. Mais en dehors de quelques douleurs au genou gauche qui a heurté la barrière ; la tempe (près de l’œil gauche) frappée par mon guidon puis mes lunettes ; et de multiples griffures de ronces ; je n’ai rien.
Je marche, je ne souffre pas vraiment, et rien de cassé…

J’allume la frontale de mon casque et inspecte mon vélo, le guidon est décalé par rapport à la potence et la roue, mais la fourche est intacte, les roues nickel, et tout fonctionne normalement… Incroyable !

J’ai perdu mes 2 bidons d’eau et un bidon de gel énergétique qui était dans mes poches.
J’ai l’impression que l’aventure peut continuer… Je décide de redescendre dans le ravin pour trouver mes bidons car affronter les déserts sans pouvoir transporter d’eau serait risqué. Je n’en retrouverai qu’un prit dans les ronces, l’autre a du filer plus bas. Trop de pente, trop d’obscurité pour aller voir…

Je remonte aussitôt sur le vélo pour reprendre la descente. Arrivé au premier village qui suit, je m’arrête sous un lampadaire pour redresser mon guidon et le resserrer, redémarrer mon gps et m’habiller car la pluie arrive…

1 heure plus tard, il pleut maintenant assez fort, je croise une cycliste (qui me salue) en tenue de pluie avec sacoches, lumières, et tout et tout…Il est environ 3 heures du matin…

Un doute naît en moi… Je m’arrête, consulte mon GPS, et constate que je suis en route vers le départ de la course, et pas vers le CP1… Une mauvaise manipulation lors du redémarrage du Garmin… Cette aventure commence mal, très mal…

Un nouveau départ

Je prends quelques minutes de réflexion pour décider de continuer l’aventure afin de voir les déserts espagnols et de rouler avec les copains.

A une autre époque, je serais sans doute rentré à Anglet parce que la course était pliée, mais j’ai envie de profiter de cette semaine de congés et d’accumuler les kilomètres (au soleil…).

Après un déshabillage complet et ultra-rapide (problème gastrique sans doute lié à la peur, le stress, la pluie…) je regarde l’application de tracking de la course. Je suis bon dernier, très loin de la tête de la course, j’ai environ 50 à 60 km de plus que prévu. Je rejoins l’une des 2 traces que j’avais dessiné et commence ma route vers Pampelune puis le désert de Bardenas.

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2 réflexions au sujet de “Désertus Bikus, du rêve au cauchemard”

  1. Un très beau résumé de ton aventure et une belle preuve d’opiniatrete dans l’adversité…. Comme quoi, le classement final n’est pas toujours l’essentiel.
    Bravo

    Répondre

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