Du 19 au 23 avril 2023 était organisé la 3e édition de la Race Across Paris. La Race Across Paris est une épreuve de cyclisme longue distance en semi-autonomie. Elle comprend trois distances : 1000 kilomètres, 500 kilomètres et 300 kilomètres. Le Parcours de 1000 kilomètres se compose de l’enchaînement d’une première boucle de 500 km, puis d’une seconde de 200 km pour finir par une boucle de 300 kilomètres. Toutes ces boucles ont pour point de départ et d’arrivée Chantilly, où une base de vie est installée et permet à chaque concurrent de manger, dormir et se doucher.
Le délai maximal pour parcourir les 1000 kilomètres est fixé à trois jours et demi.
Pour cette troisième édition, une nouvelle règle est apparue imposant quatre heures d’arrêt cumulé par tranche de 36 heures.
Rendez-vous nous était donné avec l’organisation le 19 avril 2023 à 15 h 00 pour les procédures de contrôle et de retrait des dossards.
La première boucle de 500 kilomètre
Pour cette première boucle de 500 km, je m’élance avec deux objectifs qui sont intiment liés : premièrement m’arrêter le moins possible en suivant un plan de progression et des arrêts optimisés, car je m’arrête toujours trop. Secundo, essayer de clore cette première boucle en 25 ou 26 heures.
La difficulté de cette première boucle réside dans l’autonomie totale pendant au moins douze heures. En effet, avec un départ à 22 h 18, les commerces fermés la nuit ne rouvriront que le lendemain matin. De même, vu les températures extérieures du moment, la totalité des fontaines et robinets extérieurs était fermée.
La première boucle (500 km) est à parcourir dans la sens anti-horaire. Elle nous a conduit vers l’Ouest et le Vexin, puis vers le Sud-est via les Parcs naturels régionaux de la Vallée de Chevreuse et du Gâtinais pour ensuite mettre le cap à L’Est pour rejoindre Provins et traverser la plaine Briarde et finir par une remontée nordique à travers la Seine-et-Marne pour rejoindre Chantilly via le Parc naturel régional Oise Plaine de France.
Ma stratégie a parfaitement fonctionné jusqu’à moins de 10 kilomètres de la base de vie. Parfois, en avance sur mon plan de marche, j’ai été contraint de réadapter mes arrêts optimisés concentrant point d’eau et ravitaillement solide. Côté météorologie cette première journée d’épreuve a été compliqué avec un assez fort vent de Nord-est, contraire sur la remontée vers Chantilly, les averses éparses qui nous ont surpris sur la fin du parcours et enfin le froid (0 °C) et le brouillard qui se sont installés sur le parcours. Brouillard qui sera à l’origine de ma chute à quelques kilomètres de la base de vie.
Les deux dernières boucles au mental
Après une très courte nuit de 2 h 15, réveillé par des douleurs bien avant la fin de mon bloc de sommeil de 3 h et alors que j’ai des difficultés à marcher, je m’élance avec beaucoup de doute sur cette seconde boucle de 200 kilomètres qui va nous mener jusqu’à Château-Thierry. Cap à l’Est, vers la ville de natale de Jean de la Fontaine. C’est une petite nouveauté sur cette édition 2023.
Dès les premiers kilomètres, je suis dans l’incapacité d’évoluer en danseuse, d’accélérer ou de relancer. Ainsi, je suis contraint de trouver une cadence optimale que je dois maintenir sans à-coups.
Mais dès Crouy-sur-Ourcq, les pourcentages se durcissent avec l’arrivée des premiers coteaux de champagne. Je tente de rester en permanence sur le plateau de 34 : 34/11 sur le plat ou en descente, 34/27 à 32 pour les montées. Mais au bout d’une heure, ma moyenne kilométrique s’est effondrée et oscille maintenant autour de 17 km/h. Les reprises dans les ruptures de pente sont particulièrement difficiles et sur un profil où nous sommes toujours en prise avec un enchaînement de montées et de descentes, les ruptures de pente sont nombreuses. Je fais le dos rond !
Je vais mettre douze heures pour parcourir les 200 kilomètres entrecoupés d’arrêt pour réparer le dérailleur avant abîmé lors de ma chute ainsi qu’une crevaison. Il est environ 19 h lorsque j’arrive à Chantilly.
À mon arrivée sur la base de vie Arnaud Manzanini, organisateur, vient faire le point avec moi et m’informe que le logiciel de suivi « Racemap » m’annonce hors délai pour l’arrivée de la dernière boucle de trois kilomètres.
Je ne comprends pas trop la projection du logiciel, mais je veux finir coûte que coûte ! D’autant qu’un passage pluvieux est prévu pour toute la matinée du lendemain. Aussi, j’espère parcourir le plus possible de distance avant l’arrivée de la pluie.
La boucle de trois-cents est assez simple : nous tournons un peu en forêt autour d’Ermenonville et de Chantilly, pour ensuite piquer au Sud direction Paris où nous devons gravir Montmartre par des petites rues pavées et pentues, puis remonter ensuite vers le Nord-ouest et le Vexin via Versailles. Pour le Vexin, nous reprendrons une partie des cinq-cents premiers kilomètres, mais en sens inverse.
Lorsque que je m’élance à 21 h, je n’ai qu’une idée en tête faire mentir Racemap et arrivée dans la journée de samedi.
J’arrive à Paris vers 2 h 00 du matin en avance de presqu’une heure sur mon plan de marche. La traversée de Paris et de ces grands boulevards n’est ni plaisante, ni déplaisante ! Les routes sont pleines de pièges et mal entretenues. Il y a un feu rouge tous les 50 mètres.
Par contre, l’ascension de Montmartre est sublime par les petites rues pavées et étroites : Lepic, Sainte-Rustique, du Chevalier de la Barre. Raides, exigeantes et certainement dangereuses le jour, mais sublime la nuit ! Je laisse ensuite derrière moi le Louvre et joue, pendant de longues minutes, à saute-mouton avec la Seine en franchissant un grand nombre de ponts pour arriver enfin sur la Voie George Pompidou. La tour Eiffel est majestueuse dans son écrin de lumière !
Je sors rapidement de Paris, traverse Versailles et remonte en Forêt de Marly-Le Roi lorsque je suis pris d’hallucinations, je commence à payer le manque de sommeil avec seulement 2 h 15 de sommeil depuis le début de l’épreuve. Quarante minutes de sommeil, sur le banc d’un arrêt de bus, effacent mes hallucinations. Je repars sous la pluie aux environs de 8 h 00. Il m’en faudra encore 8 heures supplémentaires pour parcourir le 156 derniers kilomètres à travers le Vexin. Les trois dernières heures sont harassantes avec le retour d’une forte fatigue contre laquelle je dois lutter. J’aurais pu essayer de dormir quelques minutes, mais avec les pluies denses du matin, tous les chemins sont détrempés. Un arrêt de bus, un banc en plein jour inutile, car j’aurais été en permanence dérangé par des personnes pensant que je faisais un malaise.
Je franchis la ligne d’arrivée à 16 h 32 avec 1 003,76 km parcourus en 66 h 21 de temps total et 51 h 09 de déplacement. 9 025 mètres de dénivelé positif gravis.
Je me classe 18e et 1er de ma catégorie d’âge. Mais là n’est pas l’essentiel. La vraie victoire, c’est de finir, de franchir la ligne d’arrivée. Je dois maintenant me concentrer sur la Race Across France 2500…
Lien de l’activité Strava : https://www.strava.com/activities/8940901645
Bravo !!! Tu as fait mentir le logiciel c’est ça ta plus belle victoire ! Quel mental, chapeau bas !